Questions d'histoire de l'art moderne et contemporain

Le cours en 2023-2024 traitera de la question des spoliations nazies et des spécificités d'une étude de provenance contemporaine. Nous partirons de fiches descriptives de catalogues de vente actuels pour déterminer les cas de provenance problématique ou douteuse. Nous verrons, à travers des exemples, ce que signifie aujourd’hui une provenance incomplète pour le marché de l’art. Nous aborderons aussi le défi que représentent ces provenances problématiques pour les collections muséales.

À partir de ces catégories, nous aborderons la question historique liée aux spoliations. L’extermination des Juifs d’Europe s’est accompagnée d’une vaste entreprise de pillage dont nous retracerons les étapes ainsi que l’organisation. Nous verrons aussi les motivations multiples qui ont conduit à cette translocation patrimoniale aussi massive que brutale. Et ce, avec une attention particulière pour la Belgique. Nous aborderons donc l'histoire européenne en partant de la prise de pouvoir par les nazis en Allemagne en 1933 et l'établissement des premières lois antisémites. Nous traiterons de ces situations en partant de cas concrets qui seront analysés en mettant l'accent sur les enjeux de méthode. Nous suivrons l'avancée de cette politique au rythme de sa progression militaire en nous centrant sur les grands centres artistiques. Après Munich et Berlin, Vienne, puis Paris et Bruxelles.

Pour l’ensemble de ces lieux, tout en examinant des cas emblématiques de la politique de spoliation, nous nous concentrerons sur l’œuvre d’un artiste belge du XIXe siècle – Fernand Khnopff – pour suivre dans différents contextes, les modalités des spoliations qui ont frappé des familles juives allemandes, autrichiennes, françaises et aussi belges. Cela nous permettra d’aborder une forme de microhistoire en explorant le monde des collectionneurs de ce peintre dans la première moitié du XXe siècle. Nous aborderons aussi l’histoire de ces familles en les ramenant, dans le cadre de Bruxelles, à une notion de réseaux importante pour une approche sociale de l’art.

Enfin, nous reviendrons au contexte des spoliations en partant de la notion d’objet et de « biographie culturelle de l’objet » en partant d’une étude publiée par Igor Kopytoff en 1986. Rendre sa vie à l'objet constitue un des objectifs d'une étude de provenance. Nous verrons comment concevoir, mener et relater une recherche de ce type pour une meilleure compréhension de l'histoire des individus.

Si le cours est conçu comme un exposé à une voix, les études de cas seront davantage présentées comme des enquêtes pour lesquelles une participation active est vivement souhaitée.

Développer une sensibilité à la question de provenance déterminante pour la pratique du métier d'historien de l'art aujourd'hui. Le cours vise à initier les participants aux étapes de la réflexion liées à la question des provenances en leur donnant les bases d'une compréhension historique, philosophiques, juridiques et culturelles du problème. À travers les études de cas, le cours entend livrer un embryon de procédure qui passe par la connaissance des outils essentiels en matière de provenance (généalogie, banques de données, archives...). Complexe et délicate la question des spoliations des biens juifs durant la Seconde guerre mondiale demande une approche pluridisciplinaire et une finesse de jugement essentielles pour mener à bien une étude de provenance. Le cours est conçu comme une initiation par l'exemple concret à ces questions.

Connaissances et compétences pré-requises ou co-requises

Une réelle initiation à l’histoire du XXe siècle est souhaitable. L’histoire de l’art en tant que telle intervient aussi dans la compréhension et l’assimilation du sujet. La lecture d’un manuel d’histoire du XXe siècle est vivement conseillée à celles et ceux qui considèreraient ne pas disposer des bases essentielles. On peut citer : Nicolas BEAUPRÉ et Florian LOUIS, Histoire mondiale du XXe siècle, Paris, PUF, 2022.

Pour les étudiants et étudiantes qui ignorent les fondements de la question, la lecture de Hector FELICIANO, Le musée disparu. Enquête sur le pillage d’œuvres d’art en France par les nazis, Paris, Gallimard, 2008 est vivement conseillée.

- Enseignement magistral.
- Dans le cadre du cours, exposés de différents cas qui permettent de développer une approche méthodologique.
- Lectures personnelles conseillées sur base d'une bibliographie commentée au cours.

Contribution au profil d'enseignement

-Problématique sociale essentielle, développée ici dans le contexte des spoliations nazies.
-Asseoir la connaissance de l'histoire européenne du XXe siècle.
-Pluridisciplinarité de la méthode.
-Initiation à l'établissement d'un rapport de provenance.
-initiation au marché d'art et aux questions juridiques de propriété.
-Approche concrète des archives et des bases de données propres au sujet

Références, bibliographie et lectures recommandées

La bibliographie est remise en début de cours en fonction des approfondissements choisis.

Contacts

M. Draguet Email: mdraguet@gmail.com

J'organise une permanence à la fin de chaque cours dans mon bureau NA4 205

Campus

Solbosch

Méthode(s) d'évaluation

• Examen oral

Examen oral

• Question ouverte à développement long

Examen oral

Construction de la note (en ce compris, la pondération des notes partielles)

Deux questions ouvertes sur 10 points chacune. L'une de restitution, l'autre de réflexion. Cette dernière peut faire, sur base volontaire, l'objet d'une préparation en amont par l'étudiant qui exposera durant l'examen le sujet qu'il aurait préparé. 

Langue(s) d'évaluation

• français