Projet d'architecture 4.19 : OOT - Out of Town

L’unité d'enseignement OOT - Out Of Town est un « atelier vertical » de Projet d’architecture ouvert aux étudiant·e·s de Bachelier « poursuite de cursus » (voir la fiche de cours dédiée: 3.19), Master 1 (voir la fiche de cours dédiée: 4.19) et Master 2 (voir la fiche de cours dédiée: 5.19).

Aujourd’hui, les processus d’urbanisation dépassent largement le cadre des agglomérations urbaines et métropolitaines, transformant en profondeur les champs cultivés, les forêts tropicales, les déserts, les océans… L’ampleur de ces processus n’a cessé de croître au cours des cinquante dernières années. Les villes sont passées d’une dépendance à leur environnement immédiat à un recours à des territoires et des réseaux de plus en plus étendus, reliés par des chaînes d’approvisionnement entrelacées et proliférantes. Cette dépendance, souvent asymétrique, finit par modifier les écologies de la Terre.
OOT - Out Of Town part du constat que la capacité de l’architecture et de l’urbanisme à agir sur ces défis nécessite une connaissance précise et située de la diversité des situations qui se manifestent hors de nos agglomérations, dans les périphéries des villes, au sein d’environnements souvent éloignés de notre vue, mais qui soutiennent directement nos vies. Peut-on encore les qualifier de « ruraux », de lieux subordonnés, hantés par un passé qui tend à boycotter leur progrès ? Peut-on encore les mettre de côté alors qu’ils sont bousculés par les dynamiques contemporaines d’interconnectivité et d’exploitation globales ?

Le thème de cette année académique 2024–25 est celui des « terres rares », terme que nous utilisons comme métaphore pour désigner l'enchevêtrement de l'architecture dans les défis écologiques mondiaux. Le terme « terres rares » est né lui-même d'une ambivalence : ce sont des « terres », c'est-à-dire des oxydes chimiques comme ceux que l'on trouve sur la croûte terrestre, disponibles partout. Elles sont aussi « rares » en raison de la faible quantité de métaux qu'elles contiennent, ce qui nécessite en outre des quantités d'énergie ridiculement importantes pour leur extraction. Et elles sont devenues encore plus rares par les énormes quantités de ces métaux que la transition énergétique en cours nécessite ainsi que les rares endroits où elles se trouvent en concentration suffisante pour rendre leur exploitation possible.
Comment les « terres rares » peuvent-elles nous aider à remodeler le récit dominant actuel centré sur la haute énergie et consommation en un récit plus modeste sur la façon de vivre avec la terre, en réconciliant ces lieux d'exploitation effrénée et d'action résistante avec les pratiques, passées et présentes, de leurs paysans (dans le sens traditionnel d'habitants locaux), humains et non-humains, nos alliés potentiels, pour retravailler nous-mêmes et notre discipline de manière adaptative ? OOT - Out Of Town aborde cette entreprise dans le cadre de NeRu (newruralities.eu), un partenariat de coopération Erasmus+ (2022–25) entre 6 universités européennes : ULB, Politecnico di Torino (Italie), Universidade da Coruña (Espagne), Universidade do Minho (Portugal), Universitet Po Architektura Stroitelstvo I Geodezija of Sofia (Bugarie), ainsi que ETH Zürich (Suisse).

Notre lieu d'exploration départ d’une mine abandonnée, Monte Neme (Malpica, Espagne), et une zone d'observation carrée de 25 Km de long autour d'elle, entre Bergantiños et Côte de la Morte, toujours en Galice. L'histoire de l'extraction minière galicienne remonte à la préhistoire, environ 1800 avant JC., avec l'introduction et la consolidation de la métallurgie du bronze (un amalgame de 90 % de cuivre et 10 % d'étain, bien que parfois de l'arsenic ou du plomb étaient utilisés). Depuis cette période, et avec des moments intermittents de grande exploitation, le bénéfice des gisements minéraux (d'or, d'argent, de fer, de cuivre, d'étain, de tungstène, de plomb...) qui peuplaient ce territoire s'est maintenu jusqu'à présent grâce à ce qu'on appelle les « nouvelles mines » (produits de carrière comme le granite et l’ardoise, et minéraux industriels). En effet, l’exploitation minière est présente dans pratiquement toutes les activités humaines puisque, à l’exception du bois et des fibres naturelles, tous les matériaux utilisés pour notre développement sont d’origine minérale. Dans l'UE on consomme en moyenne annuellement entre 5 et 10 tonnes de produits minéraux extraits du sous-sol par personne. Cela dit, l’attention que nous portons à l’activité minière déborde fatalement sur la prise en considération de toutes autres activités fondamentalement extractives de ressources naturelles (stocks de matières premières) qui ont lieu sur ce territoire, tels que les éoliens, les eucalyptus pour la pâte à papier, l’eau (pour l’obtention d’énergie ou de la nourriture), etc. Ainsi que sur les revendications des habitants des zones rurales et les conflits socio-environnementaux qui en résultent afin d'éviter que toujours les mêmes lieux soient obligés d' « avaler le brun », entrant dans une spirale de dégradation environnementale qui les conduit au déclin, sans aucune possibilité de récupération.

Page dédiée sur le site web de la Faculté d'architecture La Cambre Horta : https://archi.ulb.be/version-francaise/les-etudes/ateliers-et-options/oot-out-of-town

OOT - Out Of Town participe du perfectionnement des acquis d'apprentissage spécifiques attendus au sein des cours de Projet d'architecture, tels que repris dans la grille d'évaluation des « jurys BA3 » (voir fichier téléchargeable ci-dessous) :

• Dimensionnement spatial
• Composition architecturale
• Usages
• Échelles
• Matière
• Oral
• Représentation

En sus de ces acquis minimaux, la communauté étudiante en Master en Architecture développera autonomie et capacité de synthèse avancées, maîtrise critique du ou des problèmes abordés, créativité et originalité, démontrant ainsi leur susceptibilité à s’insérer dans le milieu professionnel après l’obtention de leur diplôme.
La communauté étudiante en MA1 sera invitée à concentrer ses travaux sur le thème des « paysages extractifs ».

Cours pré-requis

L'unité OOT - Out Of Town adopte un dispositif pédagogique d’ « atelier de projet », c'est-à-dire deux séances hebdomadaires alternativement dédiées à des communications structurées par le corps enseignant, à des contributions des convives externes, à des visites de site ou d'exposition, à des exercices brefs très formattés (séminaire de lecture, « loge » de production d’un projet bien défini au préalable, ...), discussions collectives, de séances de travail individuel et/ou de groupe, à des séances de « correction » des travaux, ainsi qu’à des participations à des évènements culturels hors de l’horaire assigné aux séances de cours (conférences, ...).
Des travaux plus précis faisant l’objet d’évaluation « formatives » sont également proposés; leur objet, modalités, et échéances sont communiqués en séance. La présentation de ces travaux fait l'objet d’évaluations constructives.
L’ensemble de ces activités contribue, in fine, à la production d’une proposition de transformation spatiale par quadrimestre faite en groupe ou individuellement (en plus des exercices introduits pour évaluer les compétences de façon individuelle).

Références, bibliographie et lectures recommandées

Voici une liste reprenant les livres et articles pouvant nourrir les activités d’enseignement du projet dans l'unité OOT - Out Of Town :

• Beramendi, Justo (2016). Historia mínima de Galicia. Une viaje en el tiempo por los lugares, los hechos y los protagonistas de la historia de Galicia. Turner Publicaciones S.L.
• Berger, John (1992) Pig Earth. 1st Vintage International ed. New York: Vintage international. [en biblothèque]
• Center for Sustainability Circular Industries Hub (2022), “White paper: Critical materials, green energy and geopolitics: a complex mix”, LINK
• Criado-Boado, Felipe (2016) “Ya no somos el paisaje que fuimos: continuidad, tradición y destrucción del paisaje”, in Maria Somoza (ed.) Paisajes habitados. Talleres de exploración y representación del territorio, Colectivo Re.Creo, pp. 31-35. LINK
• Debaise, Didier, and Isabelle Stengers (2017) “The Insistence of the Possible: For a Speculative Pragmatism.” Multitudes (Paris, France) 65.4: 82–89. LINK
• Evans Pim, Joám (2021) “‘Galiza Is (Not) a Mine’: Rural Responses to pro-Extractivist Policies.” Araucaria (Triana) 23.48 (2021): 441–466. LINK
• Fressoz, Jean-Baptiste (2024) Sans transition : une nouvelle histoire de l’énergie. Paris: Éditions du Seuil.
• Fressoz, Jean Baptiste (2023) « L’énergie: une histoire symbiotique ». Histoire & mesure 38.1: 153‑155. LINK
• Izoard, Celia (2024) La Ruée minière au XXIe siècle. Enquête sur les métaux à l'ère de la transition. Paris: Éditions du Seuil.
• Koolhaas, R.; Bantal, S. (2020) Countryside: A Report (exhibition catalogue: Guggenheim Museum). Taschen. [en bibliothèque]
• Tsing, Anna Lowenhaupt, ed. (2017) Arts of Living on a Damaged Planet. Minneapolis: University of Minnesota Press. [en bibliothèque]
• Uyttenhoven, P., Vanbelleghem, D., Van Bouwel, I., Nottenboom, B., Debergh, R., Willequet, B. (2018) Recollecting Landscapes - Rephotography, Memory and Transformation 1904–1980-2004-2014. Roma Publications. [en bibliothèque] See also the website, http://www.recollectinglandscapes.be/en-general
• Woods, M. (2010) Rural. New York: Routledge. [en bibliothèque]
• European Environmental Bureau & Friends of the Earth (2021) “‘Green mining’ is a myth: the case for cutting EU resource consumption”, LINK
• Ingold, Tim (2007) Lines: A Brief History. London; Routledge. [en bibliothèque]
• Nieto-Romero, M, C Parra, and B Bock (2021) “Re-Building Historical Commons: How Formal Institutions Affect Participation in Community Forests in Galicia, Spain.” Ecological economics 188: 107112-. LINK
• Núñez-Delgado, Avelino, Esperanza álvarez-Rodríguez, and David Fernández-Calviño (2023) The Environment in Galicia: A Book of Images: Galician Environment Through Images. Cham: Springer International Publishing. LINK
• Simón, Xavier, Damián Copena, and María Montero (2019) “Strong Wind Development with No Community Participation. The Case of Galicia (1995–2009).” Energy policy 133: 110930-. LINK
• Roseman, Sharon (2003) “Spaces of Production, Memories of Contention: An Account of Local Struggle in Late-20th Century Rural Galicia (Spain).” Dialectical anthropology 27.1: 19–45. LINK
• Piñero, Pablo et al. “Unequal Raw Material Exchange between and within Countries: Galicia (NW Spain) as a Core-Periphery Economy.” Ecological economics 172 (2020): 106621-. LINK
• Santos, Xosé M, and María De Los Ángeles Piñeiro-Antelo. “Landscape and Power: The Debate around Ugliness in Galicia (Spain).” Landscape research 45.7 (2020): 841–853. LINK
• Swagemakers, Paul, Maria Dolores Dominguez Garcia, and Johannes S.C Wiskerke. “Socially-Inclusive Development and Value Creation: How a Composting Project in Galicia (Spain) ‘Hit the Rocks.’” Sustainability 10.6 (2018): 2040-. LINK

Support(s) de cours

• Syllabus

Informations complémentaires

Langue d'enseignement :

Afin de permettre à la communauté étudiante n'ayant pas l'opportunité de participer à un programme de mobilité internationale, à celles et ceux désirant s'y préparer, ou à celles et ceux désireux et désireuses d'améliorer leurs compétences linguistiques, les activités de l'unité OOT - Out Of Town sont dispensées principalement en anglais. Toutefois, le français pourra être utilisé comme seconde langue au besoin.
Aucun niveau de langue anglaise n'est requis pour la participation à l'unité OOT - Out Of Town, mais un niveau C1 de la grille d'auto-évaluation du passeport européen des langues est recommandé (voir la grille).
En complément, afin de faciliter les échanges avec et l'intégration de la communauté étudiante provenant de l'étranger, l'espagnol (Nadia Casabella) et l'italien (Benoît Burquel) peuvent être utilisés.

Contacts

Équipe pédagogique :

Q1= 1er quadrimestre : Nadia Casabella & Benoît Burquel
Q2= 2ème quadrimestre : Nadia Casabella & Sofie Devriendt

Contact(s)

nadia.casabella@ulb.be

Campus

Hors campus ULB

Méthode(s) d'évaluation

• Projet

Projet

Deux modes d’évaluation sont prévus :

1. Une évaluation « formative » continue portant sur le travail fourni par la communauté étudiante (avec remises intermédiaires, aux dates convenues, de l’état d’avancement des recherches, et projets de groupe et individuels) et sa participation active et engagée durant les séances d'atelier. Ces évaluations formatives seront communiquées tout au long de l’année, à l’issue des moments-clé, avec une synthèse de celles-ci à l’issue du premier quadrimestre. Ces notes permettront à la communauté étudiante de se « situer » au cours de chaque quadrimestre et de l'année. Le corps enseignant se réserve le droit de surévaluer ou sous-évaluer les notes formatives pour des raisons pédagogiques, principalement pour motiver la communauté étudiante.
2. Des évaluations « certificatives » à l’issue de chacun des quadrimestres. La note de l’Unité d'Enseignement OOT - Out Of Town sera la moyenne arithmétique pondérée des notes certificatives obtenues au cours de l'année.

Lors de certains de ces moments d'évaluation, le corps enseignant constitue un « jury (d’atelier) », composé de personnalités invitées aux profils variés. La communauté étudiante présentera ses travaux à ce jury, qui les évaluera. Ce jury est distinct du jury de délibération, composé lui uniquement du corps enseignant de la faculté, et s’exprimant sur l'ensemble du parcours annuel et de cycle de chaque étudiant·e. Le « jury (d’atelier) » vise à confronter la communauté étudiante à l’appréciation de ses pairs et commanditaires, et à objectiver l’acquisition et la pertinence professionnelle et sociétale des apprentissages.

Les travaux de la communauté étudiante de B.Arch-3 et de M.Arch-2 (années diplômantes) devront par ailleurs répondre aux critères d’évaluation communs aux ateliers de projet d’architecture de la faculté.

Construction de la note (en ce compris, la pondération des notes partielles)

En continuation de la section précédente, les évaluations « formatives » ne contribuent pas à la construction de la note. Elles ne peuvent en aucun cas être considérées comme un indicateur incontestable de la note finale.
La note de l’UE est construite exclusivement sur les évaluations « certificatives », qui considéreront la progression et la capacité de synthèse des acquis d'apprentissage de la communauté étudiante. Les évaluations certificatives sont pondérées comme suit :

Évaluation certificative du Q1 : 40 % de la note finale

• Travail durant le Q1 en atelier : 40 % (note attribuée par le corps enseignant en considération des compétences cognitives ET comportementales démontrées par chaque étudiant·e).
  Un « jury d'atelier » sera organisé en fin du Q1 et constituera une évaluation « formative » dont le corps enseignant tiendra compte dans la composition de la note « certificative » du quadrimestre.

Évaluation certificative du Q2 : 60 % de la note finale

• Travail durant le Q2 en atelier : 30 % (note attribuée par le corps enseignant en considération des compétences cognitives ET comportementales démontrées par chaque étudiant·e);
• SIP : 5%
• Jury final : 25 % (note attribuée par le corps enseignant et les membres du « jury d'atelier » sur base de la grille d’évaluation de jury BA3 et du profil d’enseignement correspondant)

Les étudiant·es M.Arch-1/2 ne fréquentant que le Q2 se verront attribuer la note du Q2 comme note finale, ainsi pondérée:

• Travail durant le Q2 en atelier : 57,5 % de la note finale (note attribuée par les enseignant·es en considération des compétences cognitives ET comportementales démontrées par l'étudiant·e);
• SIP : 2,5%
• Jury final : 40 % de la note finale (note attribuée par le corps enseignant et les membres du « jury d'atelier » sur base de la grille d’évaluation de jury BA3 et du profil d’enseignement correspondant)

Les compétences cognitives évaluées sont celles reprises au Profil d'enseignement "Master en architecture" sous les titres :

• A. Concevoir un projet architectural ;
• B. Développer une attitude réflexive enrichissant les une réponse spatiale située ;
• C. Construire, en tant qu'architecte, un engagement citoyen et une pratique éthique et responsable ;
• D. Interagir avec l'ensemble des acteurs engagés dans les questions d'espace et d'architecture.

Les compétences comportementales sont – outre la régularité, la participation, la progression, le respect des échéances et des instructions, le soin et l'attitude constructive et respectueuse du collectif – parmi celles visées par le Profil d’enseignement du Master en Architecture de l’ULB:

• Identifier, comprendre et déconstruire les évidences, les opinions et lieux communs ;
• Saisir les enjeux sociaux, politiques, éthiques des projets architecturaux ;
• Poser des choix engagés et autonomes ;
• S’ouvrir sur le monde ;
• Faire preuve d’écoute, de capacité d’analyse et de synthèse.

Langue(s) d'évaluation

• anglais
• partiellement en anglais
• (éventuellement français )